Considéré comme un des sculpteurs majeurs du 18ème siècle, Jef Lambeaux est né à Anvers de père, chaudronnier wallon, et de mère flamande. Il est élève à l’académie d’Anvers, ville pour laquelle il réalisera la fontaine de Brabo (1884) qui orne toujours la Grand-Place.
Il a vécu à Saint-Gilles, d’abord dans son atelier rue de Savoie (détruit en 1898), puis au numéro 104 de la rue Antoine Bréart (détruit en 1977). L’immense notoriété de ce sculpteur saint-gillois n’a eu d’égal que les scandales que ses œuvres ont déclenchés. Son style néo-baroque, teinté d’un érotisme avant-gardiste, lui vaut de cinglantes attaques de la part des milieux conservateurs. La polémique qui éclate en 1899 autour des Passions Humaines, des corps sculptés et mêlés par le désir, est restée célèbre. Le pavillon du Cinquantenaire (dont les plans sont établis par Victor Horta), qui abrite le bas-relief, est resté longtemps fermé. Il a rouvert ses portes en 2015, après un long travail de rénovation.
La Déesse du Bocq a elle aussi été très longtemps reléguée aux oubliettes. Cette ode à la joie et à la liberté est commandée au sculpteur en 1894 pour fêter le 25e anniversaire de la captation des eaux du Bocq, qui approvisionnent Bruxelles. Elle doit dominer une vaste composition allégorique. Mais, devant la résistance d’échevins face au coût important, conjuguée aux retards du sculpteur, le projet est réduit à la seule nymphe. Avant d’être admirée de tous, elle connait un long purgatoire dans les caves communales, où l’ont reléguée les bons esprits du XIXe : « trop indécent ! ». Il faut attendre 1976 pour que la grâce soit enfin rendue à la lumière. Et là, quelle surprise! Les ouvriers et les employés qui passaient par la cave avaient l’habitude, en guise de porte-bonheur, de caresser le sein gauche de la nymphe. Lorsque la sculpture apparait enfin à l’air libre, l’ensemble est poussiéreux sauf une petite partie du côté gauche, qui luit.
Plusieurs sculptures de Jef Lambeaux sont dans divers bureaux de l’hôtel de ville.