L’hôtel de ville de Saint-Gilles, conçu par l’architecte Albert Dumont, est inauguré en 1904, quatre ans seulement après la pose de la première pierre.
L’hôtel de ville est une profession de foi dans le progrès et la civilisation. Rarement un bâtiment n’aura incarné, dans toutes ses composantes, un tel ensemble de valeurs.
L’hôtel de ville éclate par sa magnificence : la puissance de l’autorité publique n’a d’égal que sa vertu protectrice. Tant l’intérieur que l’extérieur vont exprimer ce double objectif. La façade annonce les couleurs avec l’imposant bâtiment central prolongé par deux ailes qui se veulent protectrices des citoyens. Au sommet les trois statues dorées déclinent l’exercice du pouvoir. L’aigle (1) au centre exprime la force de l’autorité publique et le garant des libertés individuelles. Cette puissance ne peut être absolue. La force doit être assistée par la sagesse du hibou (24) qui elle-même est éclairée par le rayonnement de la lumière du coq (13).
L’autorité publique protège. Elle apporte la connaissance par l’instruction (9), elle veille à la salubrité (3) et la sécurité publique (4). Le droit (10) et la justice (11) guident son action.
Pour les autorités politiques de cette époque, le progrès signe la marche de l’histoire. Il est conduit et porté par les sciences (18), l’industrie (29) et le commerce (30). Il apporte le bonheur, la fécondité (15) et la richesse (23), à condition de respecter l’autorité publique et la paix sociale, en mettant sa force de travail au service de la collectivité. Pour ceux qui n’auraient pas compris le message de la façade, l’arrière de l’hôtel de ville, largement vitré, offre une vue directe sur la prison.
En contrepartie, l’autorité publique assure la solidarité (2) et la protection de l’enfance (27). Chacun a droit aux ressources essentielles comme l’eau (16), le gaz (17) et l’électricité (28), dont la commune organise tant la production que la distribution en veillant à des prix équitables. Le tram (25), dont l’électrification débute au tournant du 19è siècle, exprime le progrès en mouvement.
Pour les concepteurs de l’hôtel de ville, l’art et la beauté doivent faire triompher la lumière et la civilisation qui conduisent à l’harmonie. De grands artistes ont façonné cet éblouissant musée vivant, qui voulait par lui-même démontrer l’action transformatrice de la beauté. Il n’est dès lors guère étonnant de voir représentés sur la façade les beaux-arts (19), la peinture (32), la sculpture (33) ou encore les lettres (21).
La façade de style Néo-renaissance française, proche de certains châteaux français (Fontainebleau ou Beaumesnil) est ponctuée par un étonnant beffroi, typique de nos régions et bien éloigné du style français. Une asymétrie qu’on pourrait qualifier de style Halve/Half.
Nous l’avons construit grand et fort, disait l’échevin Louis Morichar, parce qu’il symbolise les franchises communales que nous gardons commun un legs précieux que nous ont laissé les ancêtres après les avoir conquises au prix d’héroïques efforts. Le beffroi se mesure non seulement au donjon du château et à son pouvoir royal, au clocher de l’église et à son pouvoir religieux mais également au pouvoir de la Ville de Bruxelles. Pendant des décennies, Saint-Gilles et les communes avoisinantes ont été en conflit avec la Ville. En tenant compte du niveau de la mer, le beffroi de Saint-Gilles dépasse de peu le clocher de l’hôtel de ville de Bruxelles (116 mètres pour 111). Le seul fruit du hasard?
Les artistes sont choisis parmi les meilleurs de leur génération avec les maîtres, Julien Dillens et Jef Lambeaux, et les élèves talentueux comme Egide Rombaux ou Victor Rousseau.
Sur la façade, les valeurs sont généralement incarnées par des personnages féminins, rejoignant une tradition ancestrale de statuaire sage et édifiante, qui porte les vertus comme une mère son enfant.
Leur posture figée, leur beauté indifférente et leur regard absent tranchent avec l’incandescence de La déesse du Bocq (A) de Jef Lambeaux qui, dans un mouvement libératoire de tous les sens, semble narguer leur vertu.
Les statues sont, pour la plupart, en pierre blanche d’Euville. Les quatre statues installées en haut de l’escalier d’honneur sont en marbre blanc de Carrare. L’aigle (1), le hibou (24) et le coq (13) qui trônent au sommet sont en bronze doré. Le pompier (20) et l’ouvrier (31) posés devant les façades latérales sont en bronze tout comme La déesse de Bocq (A) .
Les statues à figure humaine mesurent entre 2m40 et 2m70.
La statuaire figurative trouve avec l’hôtel de ville de Saint-Gilles un de ses derniers replis au 20è siècle. La Première Guerre mondiale marque un tournant majeur, et ferme la porte à ce type de représentation.
La brochure Les sculptures de la façade de l’hôtel de ville est disponible sur ce site.
Coordination : Pierre Dejemeppe
Gestion éditoriale : Isabelle Douillet-de Pange
Traduction : Benoît Delahaye
Rédaction : Pierre Dejemeppe, avec la collaboration de Jacqueline Guisset et Alain Jacobs, Constantin Ekonomidès, Delphine Tonglet, Françoise Vigot, Marie Grappasonni, Alexandre Dimov, Association du Patrimoine Artistique (APA).
Remerciements : Hélène Philippart (commune Saint-Gilles), Juliette Roussel, Christophe Balland, Abderrahim Mekkaoui (Service de la culture de Saint-Gilles), Juliette de Patoul (graphiste), Murielle Lesecque, Pascale Ingelaere, Adrien Dominique (Urban), Constantin Pion, Barbara Felgenhauer et Hervé Pigeolet (IRPA).
Le site est réalisé à l’initiative de Charles Picqué avec la collaboration des Rencontres saint-gilloises et de son président Jean Spinette et le soutien financier d’URBAN/Brussels.
Coordination : Pierre Dejemeppe
Gestion éditoriale : Isabelle Douillet-de Pange
Traduction : Benoît Delahaye
Rédaction : Pierre Dejemeppe, avec la collaboration de Jacqueline Guisset et Alain Jacobs, Constantin Ekonomidès, Delphine Tonglet, Françoise Vigot, Marie Grappasonni, Alexandre Dimov, Association du Patrimoine Artistique (APA).
Remerciements : Hélène Philippart (commune Saint-Gilles), Juliette Roussel, Christophe Balland, Abderrahim Mekkaoui (Service de la culture de Saint-Gilles), Juliette de Patoul (graphiste), Murielle Lesecque, Pascale Ingelaere-Adrien Dominique (Urban), Constantion Pion, Barbara Felgenhauer et Hervé Pigeolet (IRPA).
Le site est réalisé par la commune de Saint-Gilles avec la collaboration des Rencontres saint-gilloises et le soutien financier d’URBAN/Brussels.