A l’occasion du réaménagement de certaines pièces du musée Horta, plusieurs tableaux de la collection de la commune ornent désormais les murs de la célèbre maison.
Rencontre avec le conservateur Benjamin Zurstrassen sur ce choix.
Pourquoi avoir modifié l’accrochage dans le musée Horta ?
Le nouvel accrochage inauguré le 15 juin 2022 rencontre les différentes exigences de la maison : proposer des œuvres de qualité, en écho avec les goûts de Horta, en cohérence avec le contexte artistique belge de l’époque. Enfin la présentation même des œuvres doit sembler aux visiteurs aussi naturelle que possible afin de conserver à la maison sa dimension domestique.
Quels étaient les artistes préférés de Victor Horta?
L’architecte appréciait autant les artistes symbolistes et idéalistes comme Emile Fabry ou Jean Delville que les peintres issus du réalisme (pleinairisme, école de Tervuren). Il est aussi à noter qu’il était très proche des artistes qui gravitaient autour du mécène Henri Van Cutsem, donateur du futur musée des Beaux-Arts de Tournai.
Le prêt de la commune de Saint-Gilles nous permet de mieux illustrer ses goûts et, surtout, de disposer au sein de la maison d’un petit parcours remarquablement évocateur de la peinture belge entre 1870 et 1895.
Ce nouvel accrochage permet de redécouvrir un magnifique Langaskens, qui n’avait plus été montré depuis longtemps, et qui appartient à la première partie de sa carrière avant la Première Guerre.
Effectivement, la tendance symboliste est représentée dans le fumoir par un grand tableau à sujet mythologique peint par Maurice Langaskens en 1911. Cette œuvre de jeunesse n’est pas sans analogies, justement, avec le style d’Emile Fabry, collaborateur occasionnel de Horta. Par un heureux hasard, les tonalités de l’œuvre rehaussent encore l’atmosphère du fumoir et s’intègrent avec harmonie dans la gamme chromatique de la maison.
Visiter la maison-musée, c’est apprendre mais c’est aussi vivre une expérience de beauté ; un idéal auquel le musée ne renonce pas.
Avec l’œuvre de Langaskens et le nouvel accrochage proposé dans le fumoir, cette pièce s’apparente aujourd’hui à une sorte de salle des chefs d’œuvre avec Philippe Wolfers, le Val-Saint-Lambert ou Charles Samuel, dans laquelle le musée peut tant rendre hommage aux déposants, la commune de Saint-Gilles, la Fondation Roi Baudouin, les Amis du musée Horta, la Fédération Wallonie Bruxelles, qu’évoquer le contexte créatif belge de l’époque.
Comment le réalisme belge est-il montré ?
Après le fumoir et le bureau, nous quittons l’atmosphère symboliste. Aux étages, les dépôts de la commune offrent un regard pertinent sur l’école belge de peinture qui fut, à ses débuts, très marquée par Gustave Coubert. Pantazis, De Schampeleer sont les dignes représentants du pleinairisme à la belge. La chambre et le boudoir permettent d’évoquer cette tendance grâce aux nouvelles œuvres prêtées par la commune. Trois œuvres qui viennent enrichir d’autres peintures de représentants de la même tendance comme Louis Artan ou Félicien Rops qui appartiennent également aussi aux collections de la commune de Saint-Gilles.
La vague ou La mer démontée de Périclès Pantazis, exposée au musée, est une œuvre majeure de l’artiste. Quelle est pour vous l’importance de ce tableau aujourd’hui ?
Cette œuvre de Pantazis incarne à la perfection le pleinairisme à la belge. Contrairement à la France, l’école belge de peinture aime la matière. Le travail au couteau, très présent dans cette peinture, lui confère une dimension quasi sculpturale : la vague semblant quelque fois plus modelée que dessinée. Ensuite, le recours aux tonalités terreuses ou sombres la différencie encore de ses cousins français. Cette peinture est une création sans compromissions. Sa force presque crue la rapproche d’une forme de pré-expressionnisme. Pantazis fut profondément influencé par Courbet. Mais cette œuvre témoigne d’une autonomie et d’une expression toute personnelle dont, à ma connaissance, il n’y a pas d’exemples similaires dans d’autres pays d’Europe. Enfin, au-delà de la qualité de la peinture, il se cache derrière elle un artiste de grande qualité, quelque fois négligé par la postérité en raison, aussi, de sa mort prématurée. On ne peut que se demander comment Pantazis aurait évolué s’il n’était pas mort en 1884. Peut-être, les œuvres de Guillaume Vogels d’après 1884 se rapprochent le plus de cette tendance de la peinture belge dont Pantazis fut un brillant représentant.
Coordination : Pierre Dejemeppe
Gestion éditoriale : Isabelle Douillet-de Pange
Traduction : Benoît Delahaye
Rédaction : Pierre Dejemeppe, avec la collaboration de Jacqueline Guisset et Alain Jacobs, Constantin Ekonomidès, Delphine Tonglet, Françoise Vigot, Marie Grappasonni, Alexandre Dimov, Association du Patrimoine Artistique (APA).
Remerciements : Hélène Philippart (commune Saint-Gilles), Juliette Roussel, Christophe Balland, Abderrahim Mekkaoui (Service de la culture de Saint-Gilles), Juliette de Patoul (graphiste), Murielle Lesecque, Pascale Ingelaere, Adrien Dominique (Urban), Constantin Pion, Barbara Felgenhauer et Hervé Pigeolet (IRPA).
Le site est réalisé à l’initiative de Charles Picqué avec la collaboration des Rencontres saint-gilloises et de son président Jean Spinette et le soutien financier d’URBAN/Brussels.
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Rédaction : Pierre Dejemeppe, avec la collaboration de Jacqueline Guisset et Alain Jacobs, Constantin Ekonomidès, Delphine Tonglet, Françoise Vigot, Marie Grappasonni, Alexandre Dimov, Association du Patrimoine Artistique (APA).
Remerciements : Hélène Philippart (commune Saint-Gilles), Juliette Roussel, Christophe Balland, Abderrahim Mekkaoui (Service de la culture de Saint-Gilles), Juliette de Patoul (graphiste), Murielle Lesecque, Pascale Ingelaere-Adrien Dominique (Urban), Constantion Pion, Barbara Felgenhauer et Hervé Pigeolet (IRPA).
Le site est réalisé par la commune de Saint-Gilles avec la collaboration des Rencontres saint-gilloises et le soutien financier d’URBAN/Brussels.